Derniers instants au Pérou. Après un réveil tout en douceur, une ultime invasion du délicieux buffet de l'hôtel et une préparation minutieuse de nos affaires (pour la 156ème fois de notre voyage... Partir sans rien oublier !!!) et de nos corps (nous ne savons pas encore très bien quand nous verrons notre prochaine douche...), nous prenons la route de l'aéroport de Lima à bord de notre taxi. Malgré des embouteillages aux airs de périphérique parisien un jour de fin du monde, nous arrivons enfin à notre terminal.
Avant de décoller, et après notre enregistrement, nous avons juste le temps de commencer notre chasse aux dollars en échangeant notre dernière monnaie péruvienne sonnante et trébuchante en premiers billets verts silencieux et duveteux... Car oui, il semblerait que l'Argentine ne présente pas la plus fiable des monnaies à l'heure actuelle et que le dollar y soit le bienvenu... L'occasion pour nous de laisser s'exprimer les traders qui sommeillent en nous !!!

À défaut d'avoir anticipé l'épreuve du froid, nous avons tout de même mis à profit les semaines passées pour nous équiper un peu mieux, sentant que des pantalons thaïlandais ainsi que des T-shirts usés ne nous permettraient pas de faire face à l'inéluctable choc de température à venir. Ainsi, grâce à l'accentuation de la tendance "shopping" de ces derniers jours et aux nombreux marchés touristiques traversés récemment, nous avons réussi à agrémenter notre garde-robe d'articles convenant à la fois à des conditions climatiques difficiles mais aussi à la vie dans une troupe de cirque moldave:

"Mesdames et messieurs, ils ont fait rire la moitié de l'Océanie avec leur numéro de couple en sucre tout sucré, ont conquis une partie de l'Amérique du Sud avec leur dégaine de randonneurs de plages normandes. Ce matin, et pour notre plus grand plaisir, ici, à la sortie de l'aéroport de Punta Arenas, ils nous reviennent... Veuillez applaudir les Romineaux !!! Avec..."
 
♫ Tin tin tinlinlinlinlintin tin tin ♫
 
"...Romy, et ses magnifiques mitaines marron à boutons en laine de lama, son stroboscopique chapeau multicolore à pompons en poils de vicunia et sa stupéfiante écharpe bleue violacée pourpre mauve en poils de bébé alpaca..."
 
♫ Tin tin tinlinlinlinlintin tin tin ♫
 
"Et Vincent, avec son ahurissant pantalon péruvien à rayures bleues et blanches, son suspect bonnet à réservoir noir en alpaca (la mère cette fois...) rétréci au lavage et son aveuglant pull-over vert-haricot-vert rayé à ficelles pomponnées !!!"
  

♫ Tin tin ♫                                       ♫ ti ♫                                                             ♫ pfff....

Les nez rouges tombent. Dans notre accoutrement à ne pas mettre sous les yeux de n'importe quel épileptique, nous demeurons bouche bée, devant les portes automatiques du terminal d'arrivée, sur le trottoir, à fixer l'horizon. L'immensité glaciale et lumineuse, auréolée de bleue, nous fait face... Splendide... Mais qu'est-ce qu'on fait là ???!!!!

L'Argentine n'est plus qu'à quelques kilomètres de nous. Ce matin, nous pouvons d'ailleurs presque déjà sentir la douce odeur de sa célèbre viande de bœuf élevée à l'herbe de pampa bien grasse... Mais cette dernière va peut être attendre !!! Nous sommes à Puerto Natales et pour l'instant, une nouvelle aventure chilienne nous démange: la découverte du réputé parc naturel Torres del Paine situé à non loin de nous. Notre itinéraire argentin serré nous obligeant à passer la frontière le surlendemain au plus tard, nous n'aurions pas beaucoup de temps à attribuer à cette splendeur généralement arpentée sur 3 jours de randonnée. Cependant, durant cette journée passée à nous balader dans la fraîcheur patagonienne, errant avec notre emploi du temps troué sous le bras à travers les agences, terminaux de bus et autres centres touristiques, nous laissons tout de même les interrogations se superposer:

- Y être nous ne pas y être?

- 1 jour ou rien?

- partir aujourd'hui ou après demain?

- si on ne devait se laver qu'une partie de notre corps, choisirait-on nos pieds ou bien nos mains?

Telles sont les questions...

Et finalement, nous trouvons certaines de nos réponses en cédant à la tentation d'essayer de découvrir le parc pendant la journée du lendemain, repoussant donc notre départ de deux jours... Déplaçons nos raisons... Et place au déraisonnable !!!